Date de la création: 05 mai 2000
Le Misanthrope est une des pièces les plus controversées de Molière, tout d'abord à cause du caractère du personnage principal, Alceste. Albert Gyergyai écrit en 1955 au sujet du personnage de Molière, à propos d'une représentation du Misanthrope dans le théâtre Madách Kamara de Budapest : « Si on le veut, il est un homme mature, noble, passionné, voire héroïque, qui fustige les vices et les travers de son temps avec une amertume justifiée ; (…) si on le veut, c'est le type vieux grincheux, qui s'en prend à tout le monde, l'étourdi “réticent”, incapable à s'adapter, naïf et lourdaud. (…) L'approche de la pièce par les comédiens et les metteurs en scène relève de façon primordiale, sinon exclusive, de la manière dont ils appréhendent Alceste ; elle en dépend totalement.”
Dans la version de Gábor Tompa, l'action se passe dans notre époque, elle parle du présent et au présent. L'espace du jeu, entouré de trois côtés par les spectateurs, montre l'intérieur simple d'une chambre (décors et costumes de Judit Dobre-Kóthay), la scène ordinaire attrape les alexandrins sonores et les rabat dans le monde prosaïque du quotidien – la traduction proche de la langue de nos jours de György Petri, excellent poète et traducteur contemporain, évoque justement cette atmosphère. L'accent est mis sur les situations représentant la cruauté humaine, sur la réalité douloureuse de notre quotidien. Alceste (Zsolt Bogdán) est amoureux de Célimène (Zsuzsa Gajzágó), et son esprit jaloux tolère difficilement les nombreux soupirants de la dame (Oronte - Miklós Bács / Attila Keresztes, Acaste - Áron Dimény, Clitandre - Róbert Laczkó V.). Il conteste l'un d'entre eux sous le prétexte d'un poème mal écrit, tandis que son ami (Philinte - Róbert Kardos M.) lui conseille vainement la certitude du juste milieu – Alceste n'accepte aucun compromis. Malgré sa déception amoureuse, il n'est pas prêt à répondre aux sentiments d'Arsinoé (Csilla Varga / Kati Panek), et celle qu'il voudrait choisir dans le feu de sa colère (Éliante - Kali Andrea), appartient déjà à quelqu'un d'autre. Il ne lui reste aucune solution, à part le geste amer de quitter ce monde.
La question essentielle reste si l'on peut survivre à la faillibilité des gens, sans se blesser ou sans se crasser. Le spectacle cherche à mettre en évidence le caractère universel des liaisons humaines tracées par l'auteur classique.