William Shakespeare

Hamlet

Spectacle basé sur la traduction en hongrois de Arany János

Grande salle
RO
EN
14+
2h 45' avec un entracte (Ière partie : 1h 50', IIe partie : 40')

Claudius
Ervin Szűcs
 
Gertrude
Imola Kézdi

 
Le groupe Wittenberg :

 
Hamlet
Miklós Vecsei H.
 
Horatio
Balázs Bodolai / Loránd Farkas
 
Marcellus
Zsolt Gedő
 
Bernardo
András Buzási
 
Francisco
Ferenc Sinkó

 
Ophélie
Zsuzsa Tőtszegi
 
Polonius
József Bíró
 
Laërte
Tamás Kiss
 
Rosencrantz
Éva Imre
 
Guildenstern
Anikó Pethő
 
Osric
Szabolcs Balla
 
Le spectre d’Hamlet (père)
Zsuzsa Tőtszegi , Lucian Chirilă
 
Le messager
Gizella Kicsid
 
Hamlet enfant
Venczel Lőrincz-Szabó
 
Ophélie enfant
Sára Viola

metteur en scène
Gábor Tompa
 
décor créé et réalisé par
András Both
 
costumes
Bianca Imelda Jeremias
 
dramaturgie
András Visky
 
musique originale
Vasile Șirli
 
chorégraphie
Melinda Jakab
 
assistant du metteur en scène
Emőke Veres
 
régie plateau
Réka Zongor
 
images vidéo
András Rancz
 
assistante costumes
Gyopár Bocskai
 
assistant du metteur en scène
Sári Gálhidy

Date de la création: 03 décembre 2021

Hamlet est assailli en même temps par le grand projet de la première modernité, à savoir la possibilité d’exercer une foi personnelle et directe, et par un grave doute à l’égard l’origine divine du pouvoir royal. Il décrit Claudius en termes si forts et directs, comme indigne de l’exercice de la royauté, que la mort violente du vieil Hamlet devient synonyme de la mort de Dieu et de l’impossibilité de la résurrection  : « Un roi si excellent ; qui était à celui-ci – ce qu’Hypérion est à un satyre ».

Le doute désespéré d’Hamlet n’est cependant pas seulement dirigé contre Claudius, mais aussi contre le Dieu-père assassiné en la personne de son propre père. Les 95 thèses de Luther soulignent l’insoutenabilité du dogme du purgatoire (qu’il considère précisément comme le semis nocturne de Satan, avec lequel il a corrompu les doctrines de la foi), car il y voit l’auto-représentation d’une institution ecclésiastique qui maintient artificiellement la dépendance des croyants. Par conséquent, Hamlet est contraint de douter du Spectre même de son père puisque le vieil Hamlet, en plus de souffrir au purgatoire, croit que sa propre souffrance peut être abrégée par la vengeance de son fils, ce qui n’est nullement une idée chrétienne, qu’elle soit catholique, protestante ou orthodoxe. 

La situation dramatique qui se présente oblige Hamlet à jouer le rôle du rédempteur qui manque de moyens et ne croit pas en sa propre vocation  : le fils doit accomplir un acte de justice et de restitution afin de restaurer un royaume dont il ne croit plus à l’ordre éthique ou du moins il en doute sérieusement.

C’est une position intermédiaire, la promesse d’une tragédie pure et d’une catharsis, qui maintient l’ensemble de l’œuvre comme un tout parfait et en même temps la fragmente, comme c’est le cas des grandes œuvres généralement. Cependant la catharsis n’est pas possible sans l’abolition complète de l’« ordre » existant : tout doit périr pour que le nouvel ordre politique et éthique puisse naître sur les ruines, mais surtout dans le cœur du spectateur, qui – s’il a de la chance – reconnaîtra sa propre situation dans la représentation d’Hamlet.

András Visky