William Shakespeare

Mesure pour mesure

Adaptation scénique : Matthias Langhoff et Eszter Bíró

Grande salle
RO

Le Duc, Pompée
András Hatházi
 
Angelo
Zsolt Bogdán
 
Escalus
Attila Orbán
 
Le Prévôt
József Bíró
 
Lucio
Áron Dimény
 
Claudio
Ervin Szűcs
 
Coude
Sándor Keresztes
 
Écume
András Buzási
 
Bernardino
Csongor Köllő
 
Isabelle
Anikó Pethő
 
La Dame Surmenée, Marianne, Abhorson
Emőke Kató
 
Juliette, Francisca, Fatima
Csilla Varga

metteur en scène
Matthias Langhoff
 
conseiller dramaturgique
Eszter Bíró
 
scénographe
Matthias Langhoff
 
costumier
Carmencita Brojboiu
 
musique originale
Vasile Șirli
 
collage de bruits
Balázs Bodolai
 
peinture de décor
Arthur Bota
 
conseiller chorégraphique
Ferenc Sinkó
 
assistant du metteur en scène
Balázs Bodolai
 
assistant du conseiller dramaturgique
Kinga Kovács
 
corépétiteurs
Xénia Stollár, Katalin Incze G.
 
assistants du scénographe
Carmencita Brojboiu, Samäel Steiner
 
régie plateau
Yvonne Nagy
Date de la création: 22 septembre 2010
Spectacle dans la grande salle
Date de la création : 22 septembre 2010
Durée : 4 heures avec un entracte
Limite d'âge : 15 ans

La partie de William

en compagnie de

putains et prêtres
moines et meurtriers
larrons et légistes


Version scénique de Matthias Langhoff et Eszter Biró

Je tournais dans mon lit, mes jambes me faisaient mal et mes yeux ne voulaient pas se fermer. « Bonsoir, Matthias. » – « Bonsoir, Matthias. Par où es-tu rentré ? » –  « Mais tu laisses la fenêtre toujours ouverte. » – « Ah, oui, et qu'est-ce que tu veux, Matthias ? » – « Rien... Juste te poser la question : comment ça va à Cluj ? » – « Ça va, mon lit est OK. Le parc en face du théâtre est agréable ; les gens avec qui je travaille sont aimables. » – « Ce n'est pas facile pour les gens. Sous le manteau des temps nouveaux prolifèrent les ennuis des temps passés. Le pouvoir est toujours l'autocratie. La justice défend l'injustice. La liberté acquise doit être payée par la docilité. L'amour, l'amitié, la confiance sont devenues de la marchandise. La vie est de plus en plus difficile, chacun doit trouver comment se débrouiller sans tomber dans le filet de la justice aveugle. Et la vérité, qui devrait être la pain de tous les jours du peuple, le pain riche et savoureuse, reste cru. Ceux qui ont faim peuvent se rassasier avec la morale, la foi et l'espoir. » – « Est-ce que tu parles de Cluj, Matthias ? » – « Non, je parle de Vienne ; je parle de Mesure pour mesure, de Shakespeare. » – « C'est vrai ? » – « Je crois que oui. » – « Veux-tu que je change Shakespeare ? » – « Mais non ! On n'a pas le droit de changer Shakespeare. Il n'est jamais périmé, mais il va toujours devant nous. Il faut juste le relire et pendant que l'on le lit, voir le lieu où l'on le lit. Bonne nuit, Matthias. » Il a disparu. Je me suis levé de mon lit et j'ai fermé la fenêtre. Je ne voulais pas laisser entrer d'autres pensées, ni laisser d'autres sortir dans la nuit cliquetante.
« Le réveil, Matthias ! » – J'ai tressailli. Il était devant la fenêtre fermée avec un sourire lumineux sur le visage. Il tambourinait sur la fenêtre et n'arrêtait de se moquer de moi. « Fiche-moi la paix, Matthias ! » je lui disais d'un air fâché. « Il faut que je ramasse mes pensées et que j'aille à la répétition. »– « Je sais, je sais ; je voulais juste te dire que c'est le matin et que Mesure pour mesure est une comédie. » – « Une comédie ? » – lui demandais-je en lui jetant un regard sombre. « Toi, tu ne sais rien, Matthias ! Tu ne sais rien ! »
(Matthias Langhoff)