Date de la création: 13 octobre 2021
Le Macbett de Ionesco n’est pas simplement un détournement parodique du chef-d’œuvre de Shakespeare, mais une radiographie et un démasquage d’une vie publique devenue stérile, proche de l’absurdité. La pièce dépeint, avec un humour implacable, la vie publique animée et poussée au chaos par une hostilité constamment stimulée. En même temps, le Macbett ionescien parle de l’absurdité de la conspiration. Il s’adresse au public d’aujourd’hui avec une acuité surprenante. « Le Macbeth de Shakespeare est un monstre, en même temps qu’une marionnette, bien sûr, et Lady Macbeth est aussi un monstre. Mon Macbett n’est pas un monstre. Il est simplement tout aussi lâche, méchant et assoiffé de pouvoir que Duncan, Banco, Glamiss ou Candor. C’est un homme ordinaire. » – dit Ionesco de sa pièce acide qui dramatise la vacuité intellectuelle et morale de l’homme. Il attire notre attention sur le fait que, dès la guerre froide, la politique est envahie par des personnages mesquins et désemparés qui s’accrochent au pouvoir avec leurs ongles sanglants et ne voient pas plus loin que la logique obtuse de la destruction de leurs adversaires politiques. L’opportunité qui s’est présentée dans les années 30 – que les pantins assoiffés de pouvoir qui font de la politique sous le charme des bains de sang soient portés au pouvoir par des élections libres – n’est pas une chose du passé, mais une tentation toujours présente qu’il vaut mieux affronter que de continuer à répéter les horreurs, imbus de l’illusion de se considérer éclairés.
András Visky