La pièce Les Galoches dépeint le monde endogame et obscur d’une petite ville d’Ardeal où la vie du persécuteur et celle du persécuté ne peuvent plus être dissociées. Il en va de même pour celles des sécuristes et des intellectuels, ou des ouvriers, qui ont tout vu. Ils sont tous Hongrois et ils se comprennent tous à demi-mot.   
György Dragomán a construit cette pièce autour du mythe d’Iphigénie : une fille de 16 ans offerte par sa famille au chef de la Securitate, dans l’espoir d’obtenir, en échange, un passeport pour émigrer. À travers l’histoire de cette famille, le spectacle se veut une sorte d’immersion dans les années 80. En employant des moyens propres au cinéma-vérité, tout sent l’humain : l’espace, les objets, le jeu des acteurs. La vie des autres (nous) : cette proximité peut même éveiller l’intérêt de gens qui n’ont pas vécu à cette époque-là. Ils pourront remarquer que la même chose arrive à présent à l’école, en famille, au niveau des relations interhumaines.    
András Visky