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Les beckettiens Vladimir et Estragon, les frères Marx, Cruelle d'Enfer, Buster Keaton, des cabarettistes berlinois des années 1920, des agents secrets, de faux psychiatres, des divas féministes, des monstres angéliques et des anges à propensions démoniaques - tous se donnent rendez-vous dans le monde grotesque-hilaire et hallucinant-carnavalesque de George Tabori, ils s'y joignent, s'y mélangent.
 
Pour un acteur, Requiem pour un espion est une véritable mine d'or. Le jeu de rôle - qui engage les trois super-espions dans un fol enchaînement de changements d'identité - est bouleversant et envoûtant à la fois. Et pourtant, le sujet de la pièce n'est pas du tout frivole. À un moment donné, un des trois super-agents (lesquels ont lutté coude-à-coude contre les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale) avait apparemment trahi les autres, dans le but de sauver sa peau. L'un d'entre eux … mais lequel ? Ils ont tous les trois survécu même si, compte tenu des événements qu'ils racontent de points de vue complètement différents, aucun d'entre eux n'aurait normalement pu y réchapper. Ils se rencontrent plusieurs ans après, à maintes reprises, dans des endroits aussi cachés que les endroits conspiratifs de la Seconde Guerre mondiale, pour apprendre (ou peut-être pas ?) la vérité. Comme presque toujours chez Tabori, la pièce entremêle vaudeville et investigation policière, harmonisant savoureusement comédie noire, drame psychologique et farce psychanalytique.
Murdoch, Zucker et Margie - une pièce à trois personnages. Ou à 12, plutôt ? Comptons-les: Murdoch, Anti-Murdoch, Murdoch-Zucker, Murdoch-Maggie, Zucker, Anti-Zucker, Zucker-Murdoch, Zucker-Maggie, Maggie, Anti-Maggie, Maggie-Zucker, Maggie-Murdoch. Oui, une pièce qui met en scène au moins 12 personnages auxquels donnent vie les acteurs exceptionnels du Théâtre Hongrois de Cluj: Enikő Györgyjakab, Zsolt Bogdán et Áron Dimény.
Mihai Măniuţiu