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András Visky traite dans sa dernière pièce l'histoire réelle de ses parents. En 1939, son père se réfugie en Hongrie, il y fait ses études universitaires et rencontre sa future femme. Après la Seconde Guerre, jeunes époux de quelques mois, les deux décident de servir en Transylvanie, car un prêtre ne doit jamais choisir la voie plus facile. Ils rentrent clandestinement en Transylvanie, ce qui suffit de les rendre suspects aux yeux des autorités. Comme conséquence de la révolution hongroise de 1956, le père de l'auteur est condamné à 22 ans de prison lourde, tandis que sa mère, issue d'une famille bourgeoise de Budapest, reste avec ses sept enfants complètement seule, sans aucune connaissance de la langue roumaine. Son mari est emprisonné à Gherla, mais Julie n'a aucune nouvelle de lui, elle ne sait même pas s'il est encore vivant. Elle n'a même pas le temps pour y réfléchir, car elle est déportée à son tour, avec ses enfants, du jour au lendemain, au Goulag roumain, à environ mille kilomètres de leur maison. Julie refuse tout de même d'abandonner sa liberté, elle ne consent pas à renier son amour, elle lutte pour ses enfants avec une force et une ingéniosité incroyables. Elle se résolut donc à chercher la voie d'échapper à sa situation…
Julie, c'est du théâtre, et bien que la pièce est jouée par une seule comédienne, il ne s'agit pas d'un monodrame. Il y a des histoires, des objets, des locations et des situations familières qui s'animent sous nos yeux, grâce à l'effet théâtral envoûtant. Et puisque la liberté et l'amour s'entrecroisent de manière dramatique, comme tant de fois au cours de l'histoire, dans la littérature, et non en dernier lieu dans la vie quotidienne, dans ce théâtre c'est aussi Dieu qui apparaît sur la scène, pour y jouer le rôle principal dans l'évasion singulière de Julie.
Le spectacle de Cluj du drame Julie de András Visky est co-produit par le théâtre Thália de Budapest.

Date de la première : 8 novembre 2002.