Friedrich Dürrenmatt

Les Physiciens


Grande salle

Mathilde von Zahnd
Emőke Kató
 
Herbert Georg Beutler, ou Newton
Lóránd Váta
 
Ernst Heinrich Ernesti, ou Einstein
Levente Molnár
 
Johann-Wilhelm Möbius
Áron Dimény
 
Martha Boll
Tünde Skovrán
 
Oscar Ruse, Uwe Sievers, infirmière en chef
Sándor Keresztes
 
Superviseur Richard Voss
Ervin Szűcs
 
Infirmière Monika Stettler
Anikó Pethő
 
Lina Rose, infirmière
Csilla Varga
 
Irene Staub, jeune Rose
Andrea Vindis
 
Infirmière, Dorothea Moser, Jörg-Lukas
Melinda Kántor
 
Adolphe Friedrich, policier, infirmière
Loránd Farkas
 
Guhl, Wilfred-Kaspar, infirmière
Balázs Bodolai
 
Blocher, jeune Rose, infirmière
Csongor Köllő
 
Murillo, jeune Rose, policier
András Buzási
 
McArthur, jeune Rose, policier
Szabolcs Balla
 
Jeune Rose, infirmière, policier
Alpár Fogarasi

metteur en scène
Lori Petermann
 
scénographe
Steven C. Kemp
 
costumier
Emily DeAngelis
 
conseiller dramaturgique
Emily Deangelis
 
régie plateau
Györffy Zsolt

Date de la création: 12 octobre 2012
Date de la création : 12 octobre 2012

 « Je peux imaginer un monde sans guerre et sans haine. Et je peux imaginer aussi que nous allons attaquer ce monde, car ses habitants ne s’y attendraient jamais. »
(Jack Handey: Deep Thoughts [Pensées profondes])
 
Les Physiciens est une pièce satirique, pleine de défis et d’humour noir, elle évoque des conflits et des peurs qui commencent à régner lorsque les pays rivalisent pour la technologie de guerre la plus moderne et la plus évoluée.
 
Le plus grand physicien du monde, Johann Wilhelm Möbius se réfugie dans un asile psychiatrique reclus, et déclare être hanté par les visions récurrentes du roi Salomon. Il partage l’établissement avec deux autres physiciens, eux aussi ayant l’esprit troublé: l’un croit qu’il est Albert Einstein, tandis que l’autre pense qu’il est Sir Isaac Newton. On apprend vite que les trois malades sont moins inoffensifs qu’ils ne le paraissent. La compagnie flatteuse est complétée par la psychiatre de notoriété mondiale, la bossue Mathilde Von Zahnd, qui a quelques projets diaboliques.
 
Malgré le fait que Dürrenmatt et moi ayons vécu dans des époques différentes, nous avons des expériences et des craintes communes. L’état du monde nous a comblé tous les deux d’épouvante. Il était un jeune homme qui a vécu en Suisse pendant la deuxième guerre mondiale, ses écrits sont des réponses aux horreurs de l’époque et de la course aux armements nucléaires qui s’ensuivit. « Pour moi, le chaos est généralisé. Le monde (et par là la scène, qui est symbole de ce monde) est horrible, et nous sommes contraints à en subir les malheurs. »
 
Dürrenmatt a vécu dans une époque antérieure, c’est pourquoi on reconnaît avec consternation que l’état du monde ne s’est pas amélioré, au contraire, il s’est aggravé davantage. Lorsque certains pays continuent à rivaliser dans la réalisation des technologies de guerre les plus modernes et les plus avancées, j’ai le sentiment que les visages ont resté les mêmes, mais les conditions sont devenues encore plus dures. Les menaces des terroristes, la guerre bactériologique sont pour moi des expériences présentes, directes. La profonde anxiété que j’ai vécue à New York, a été par trop réelle pour moi. J’y étais au moment des attaques du 11 septembre et pendant la période pleine de paranoïa et de propagande qui l’a suivie.
 
Dans cette obscurité il y a encore un trait commun qui nous rapproche, Dürrenmatt et moi : « pour résoudre un problème qui concerne tout le monde, on a besoin de tous », comme il le dit dans 21 points sur les Physiciens. Le théâtre est devenu désormais un outil fondamental pour moi. Le théâtre sera le forum où ces craintes peuvent être exprimées, qui dénoncera les conflits du milieu actuel de la culture. Ceci n’est pas une tentative de faire des sermons, d’extorquer des solutions – il s’agit de créer une possibilité d’expression, un partage du microcosme de « tout le monde », dans l’espoir que l’élargissement de la perspective universelle, comme objectif principal, puisse aboutir  en soi à une évolution. Cela dit, l’invitation la plus efficace à une pénétration courageuse dans l’obscurité n’est-il pas l’humour ? Dürrenmatt affirme que « dans une époque grotesque il est impossible de montrer le tragique pur, sauf si on arrive au tragique en partant du comique ». Cela peut paraître paradoxal, mais pour ceux qui croient qu’il est important d’y aboutir, c’est une affirmation sincère et humaine. La question est tout aussi sincère : au fait, qui sont les fous ? Les « aliénés » érudits, qui supportent le péché et le fardeau moral de leurs inventions, ou les acteurs politiques qui gouvernent nos pays, qui tirent du profit de ces inventions ?
 
Lori Petermann