06. 12. 2019

Iona de Marin Sorescu en première au Théâtre Hongrois !

Le dimanche 16 juin à 20 heures aura lieu dans la salle Studio du Théâtre Hongrois d’État de Cluj la première du spectacle Iona de Marin Sorescu, dans la mise en scène de Gábor Tompa, une coproduction du théâtre clujois et du Théâtre Nottara de Bucarest.

Iona est la pièce de début de l’écrivain Marin Sorescu, elle constitue, avec les pièces Paracliserul et Matca, la trilogie intitulée Setea muntelui de sare (La soif de la montagne de sel). A l’opposé du personnage biblique, Jonas, le pêcheur solitaire de Sorescu ne porte sur ses épaules aucune faute, aucun péché. Il sera englouti par un poisson géant dès le début et chaque évasion du ventre de celui-ci le portera dans un ventre encore plus grand, d’un prison à l’autre, à l’infini, comme condition de l’existence humaine.

« Je suis intéressé par Iona autant du point de vue religieux que du celui de la condition de l’artiste dans le monde, aujourd’hui. Dans ma vision, Iona est un spectacle sur la condition de l’artiste et sur ses doutes concernant la croyance. Sur sa relation avec Dieu, avec la divinité, avec l’inspiration, l’espoir, le désespoir. Dans ce monde il n’y a presque plus de communication, c’est justement cela que nous avons voulu montrer. Le personnage interprété par Cristina Juncu est une sorte de personnage-commentaire, un écho, un ange, une sirène, des voix qui tentent Jonas… C’est une image du manque de communication dans notre monde d’aujourd’hui, dans cet univers tellement technologisé dans laquelle nous vivons. C’est cela qui nous intéresse. En même temps, le texte a une valeur poétique extraordinaire, un humour à part qui ne doit pas manquer et qui, pour Sorescu et pour son personnage, signifie la survie. Survivre par l’humour » – a déclaré le metteur en scène Gábor Tompa.

La scénographe Carmencita Brojboiu explique : « Nous avons rassemblé des objets dont on a imaginé qu’ils pourraient se trouver dans le ventre de notre baleine. J’ai essayé d’illuminer l’espace de cette salle obscure et que tout soit blanc. C’est le blanc des coquilles apportées sur la côte, et quand elles sèchent, il en reste des montagnes… en fait, c’est l’eau et le sel qui les enlève tous les couleurs et tout devient blanc comme la craie. C’est justement cette sensation qu’on a voulu obtenir : ce blanc, l’espace nettoyé de toute couleur individuelle. C’est la couleur de la mer qui a lavé les objets pendant des siècles. Et en même temps notre baleine a englouti un tas d’objets que l’homme jette à l’eau. Des déchets, du plastique… Cette baleine est donc une baleine de nos jours. »

« Iona est pour moi un poème sur la solitude et sur combien nous sommes perdus dans cet espace, bien qu’il paraisse qu’on est tellement connectés au monde. L’intérieur de la baleine doit résonner avec ce que Jonas pense et il doit être le plus liquide, le plus étrange possible. C’est cela l’idée de l’univers sonore de Iona. Les chansons sont des idées de Gábor Tompa mises en musique, et je crois qu’elles ont chanté d'elles-mêmes. L’humour tragique des chants de Cristina Juncu nous a fait rire, des fois. Et j’aimerais que les spectateurs sentent de la même façon » – a déclaré Ada Milea.

Le protagoniste du spectacle est Gabriel Răuță, accompagné par Cristina Juncu dans le rôle d’Écho, un alter ego de Jonas. La musique a été composée par Ada Milea, la scénographie a été conçue par Carmencita Brojboiu.

Le spectacle est joué en roumain, avec sous-titrage en hongrois et en anglais.